mardi 25 février 2020



La classe Sciences et Patrimoine du lycée Bonaparte, comme chaque année, entend développer des projets qui s'inscrivent au cœur du territoire autunois.
De concert avec les différents services du patrimoine de la ville et les musées, elle tente de suivre au mieux la recherche, l'actualité historique, archéologique et patrimoniale pour inscrire nos élèves au cœur de la culture en construction.

Le projet 2020/2021 de la classe Sciences et Patrimoine sera en lien avec la classe CHAAP du collège de la chataigneraie et sera axé autour de trois fils conducteurs.

*Le mécénat dans les arts et les sciences  :

Le musée Rolin, mettra en place début juin 2021 conjointement avec le musée Denon de Chalon-sur-Saône une exposition autour des commandes artistiques de hauts dignitaires bourguignons de 1430 à 1510 c’est-à-dire « un miroir des princes ».

A travers les exemples de Nicolas Rolin, Jean Chevrot, Jean Germain, Ferry de Clugny et Jean Rolin qui composaient l’entourage proche et influent des princes, cette double exposition ambitionne de mettre en lumière l’extraordinaire foyer culturel des ducs de Bourgogne.
Par ailleurs, dans cette perspective socio-culturelle, l’exposition s’intéressera à l’essor du mécénat artistique.

Les élèves travailleront dans les différentes matières sur la notion mécénat c’est-à-dire sur le fait qu'une personne physique ou morale (souvent issu d'une famille riche ou noble : roi, prince, ministre, seigneur, duc,...) soutienne par son influence ou par des moyens financiers une personne pour son projet culturel ou artistique ou scientifique(Peintres, Écrivains, Sculpteurs, Architectes, etc.).

Ils se rendront  aux hospices de Beaune, fondées en 1443 par le chancelier Nicolas Rolin, grand mécène.

En mai 2021, ils visiteront le château de Vaux le vicomte, acquis en 1641 par Nicolas Fouquet. Véritable mécène, le surintendant s'est entouré de gens de lettres et d'artistes, parmi lesquels Mme de Sévigné, Scarron, Perrault, Mlle de Scudéry, Corneille, Molière... véritable Cour qu'il entretient à grands frais.

*Les 900 ans de la cathédrale :
La construction de la cathédrale d’Autun s’étend de 1120 à 1140. Une grande restauration extérieure et intérieure de la cathédrale est entreprise début des années 2000 et vient de se terminer, livrant au visiteur le sublime de l’art roman.
La foudre tomba sur la cathédrale en 1468 et brûla le clocher et le toit. Jean Rolin est cardinal évêque d’Autun de 1436 à 1483 et fils de Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne et grand mécène. Le fils veut rivaliser avec le père dans le domaine du mécénat. C’est ainsi qu’il fait entreprendre de grands travaux à Saint-Lazare, comme l’érection de la flèche, la construction de la grande sacristie, le rehaussement de l’abside romane avec l’étage actuel des hautes fenêtres gothiques. L’exemple donné par le cardinal va motiver d’autres donateurs issus du clergé ou de la bourgeoisie fortunée à doter l’église d’un ensemble de quinze chapelles, pourvues de décors variés, riches et raffinés.
En lien avec le service du patrimoine, les élèves de la classe sciences et patrimoine, au cours d’une première visite, découvriront l’histoire de la cathédrale et le détail de son architecture romane et gothique.
Une deuxième visite sera plus axée sur le bestiaire c’est-à-dire les êtres fantastiques qui peuplent la cathédrale.

*La prison d’Autun :
L’ancienne prison d’Autun possède une histoire et une architecture remarquable : elle fut en effet l’une des premières prisons françaises à adopter le mode de détention cellulaire et elle possède un plan circulaire. C’est l’architecte départemental André Berthier qui réalisa la prison entre 1855 et 1856 à côté du palais de justice.
 Celle-ci fait 13 mètres de haut, 23 mètres de diamètre et est couverte d’une coupole, constituant la seule source de lumière. Elle est composée de 50 cellules, divisées en 3 niveaux.
Le programme de rénovation et extension du musée Rolin permettra à celui-ci de disposer des locaux de l’ancien palais de justice et de la prison.
Dans le cadre de l’EAC, les élèves, en lien avec le service du patrimoine s’intéresseront à la prison panoptique entre visible et invisible…

Pendant une quinzaine d’heures, plusieurs ateliers seront proposés par 4 intervenants (Irène Verpiot(du service du patrimoine), Juliette Lavault (architecte) et Théophile Lavault (chercheur, docteur en philosophie), Nicolas Lombard (enseignant missionné musée Rolin, et enseignant en arts plastiques au collège de la Chataigneraie, responsable de la classe CHAAP) :

-Visite de la prison à plusieurs voix : Le passé, le présent et le futur de la Prison. 
-Découverte du lieu, de ses particularités architecturales : usages, quotidiens, histoire(s). Traces de vie. Travail sur les sens (éclairage, luminosité, son, voir et être vu, le toucher, etc.)
-En référence à Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, réflexion philosophique sur les notions de voir et être vu. 
-Visite du théâtre municipal qui est un lieu de la même époque que la prison. Découverte de ce lieu ainsi que ses particularités architecturales : usages, quotidiens, histoire(s).  Travail sur les sens (éclairage, luminosité, son, voir et être vu, les couleurs, le toucher, etc.). Travail photographique autour de la thématique : « être vu.e / ne pas être vu.e »
-Les traces dans la prison. Absence/présence. Comparaison entre les traces 
un travail sur les archives papier (salle d’audience) : lecture, histoires contées, réflexion sur les causes des peines.  Les profils des détenus, le temps d’incarcération, la vie quotidienne, les évasions ou anecdotes. Croiser les archives sur les prisonniers et la grande Histoire. 

mercredi 12 février 2020

Le mécénat


I.Définition du mécénat :

Le mot « mécénat » se réfère au personnage de Caius Cilnius Mæcenas, protecteur des arts et des lettres dans la Rome antique. Il s'est progressivement élargi pour désigner dans le langage courant une personne physique ou morale qui soutient par son influence ou par des moyens financiers un projet culturel ou un artiste

II.Qui sont mécènes ?
Les cours princières sont les lieux privilégiés de l'épanouissement de la culture renaissante. Dans le domaine artistique, de nombreux mécènes (protecteur généreux des lettres, des sciences et des arts) ont constitué d'importantes collections. Ils appartiennent tous à l'aristocratie du pouvoir (princes, ducs, rois, pape) et de l'économie (grands marchands qui investissent leur argent dans la production artistique). Les mécènes célèbres :

Les Medicis : Laurent le Magnifique soutient la création artistique de Verrocchio et de Botticelli.
Les commandes des Montefeltro concernaient des domaines aussi variés que la bibliophilie, les tapisseries ou les peintures.







Ludovico Sforza (1452-1508), duc de Milan, fit travailler Léonard de Vinci et Bramante.

Les papes font travailler les artistes de la Renaissance à Rome : Michel-Ange peint la chapelle Sixtine, Alexandre VI Borgia (1492-1503), Jules II (1503-1513), Léon X (1513-1521), Paul III Farnèse (1534-1549)


En France, les guerres d'Italie sont l'occasion pour les rois d'entrer en contact avec l'art de la Renaissance et de piller quelques-uns de ses chefs d'œuvre. François Ier invite des artistes italiens (Léonard de Vinci à Amboise ; Benvenuto Cellini, Rosso Fiorentino, Primatice à Fontainebleau...).

Les marchands deviennent aussi des amateurs d'art : Jacques Cœur dans la France du XVe siècle siècle, le riche banquier italien Roberto Strozzi en 1489...

III.Le mécénat à travers le monde :

a. Les pays européens :


En Italie, ce sont les banquiers, les marchands et les hommes d’état qui finançaient. Ces individus étaient issus de familles souveraines ou de noblesse pontificale pour qui l’art était essentiel. Suite aux empereurs romains, les papes surent faire travailler les meilleurs artistes de leur temps et montrer leur générosité. Ainsi on peut dire que le mécénat était très lié à l’Etat.

En Espagne, le mécénat concerne aussi et surtout l’art dans la sphère religieuse avec comme principaux mécènes l’Eglise et la Couronne. Cet engagement du domaine public remonte aux Rois Catholiques et à l’alliance entre la Monarchie et l’Eglise qui représentaient les plus puissantes forces morales et financières. Cependant l’importance de l’église a pris le pas sur l’art qui était consacré à la religion, mis à part certaines œuvres profanes cantonnées aux portraits, à l’histoire et aux natures mortes.
Pendant la Reconquête espagnole, les chefs de guerre, devenus les Grands d’Espagne seront mécènes de peintres et sculpteurs qui développeront l’art profane vers la sphère politique et sociale (cf. Francisco de Goya). Le mécénat privé est limité aux familles des Habsbourg et des Bourbons.

En Allemagne, dès la fin de la guerre de Trente Ans jusqu’à la création de l’Empire de Guillaume II, ce sont les princes allemands qui protègent les artistes. Leurs choix se portent aussi bien sur les artistes locaux que les œuvres étrangères d’une exceptionnelle richesse que l’on peut trouver dans la capitale comme en province. Cela a mené à la décentralisation artistique actuelle du pays.

En ce qui concerne la France, au XVIIème siècle, le mécénat privé est fort mais la sphère publique domine. Louis XIV, souhaitant avoir l’exclusivité sur le domaine artistique, était capable de mettre à l’écart certains mécènes privés tels que Nicolas Fouquet à l’occasion d’une de ses fêtes dans son château de Vaux-le-Vicomte. Le Roi Soleil mobilisait beaucoup de ressources financières pour engager des artistes pour décorer les palais comme Versailles ou les Invalides.
Ce phénomène de la Cour a attiré artistes et mécènes à Paris. Ainsi se construisit le mécénat d’Etat et la centralisation de l’art au dépit de la province ayant des moyens plus limités et des artistes moins prestigieux. Cet effet se poursuivit sous la Révolution puis l’Empire, période où fut créé le musée du Louvre et jusqu’à aujourd’hui.

Ainsi, le mécénat en Europe provient essentiellement de l’Etat, ce qui explique le retard en matière de mécénat d’entreprise bien que le mécénat provenait aussi de grandes familles ayant une force économique et politique puissante grâce à leurs entreprises car ces familles étaient essentiellement composées de marchands. De plus, on assiste essentiellement a une centralisation de l’art mis à part en Allemagne où les puissances sont reparties dans le pays.

b. Les pays anglo-saxons

En Angleterre, les initiatives privées prédominent car l’Etat Monarchique était axé sur des missions de justice et de défense du territoire contrairement à la République française ayant un fort intérêt pour la dimension culturelle et éducative. Les collections d’art étaient privées et détenues par des marquis et les grandes familles qui décidaient eux même de l’accessibilité qu’ils souhaitaient porter à leurs œuvres.



Cette approche du mécénat est d’autant plus importante aux Etats-Unis où le capitalisme était très marqué, d’après Max Weber, par l’éthique de Luther et Calvin. C’est pourquoi les individus qui faisaient fortune, afin de « remercier » leur pays, souhaitaient contribuer à son développement. Certains mécènes industriels et bienfaiteurs ont été très importants, tel que Andrew Carnegie fondateur de Carnegie Steel. A sa mort, il fit don de 350 millions de dollars à diverses fondations et 30 millions à des œuvres de charité.

D'après histoire de France.net